3. Le Sahara a été habité

L’Afrique est considérée comme le berceau de l’humanité, car dans son centre, sur les bords du lac Tchad on a trouvé les os d’un australopithèque de 1,5 millions d’années, avec de nombreuses pierres ciselées. On a aussi identifié, parmi les rocailles des ergs, des pierres modelées de façon à être utilisées comme des meules pour broyer les semences comestibles des plantes obtenues par cueillette (Fig. 10).

Les expéditions de l’explorateur H. Lhote des années 1956-1957 ont identifié et reproduit de nombreux dessins et peintures rupestres du Sahara, trouvés sous les roches en grès du plateau Tassili N Ajjer. Le thème de ces dessins à contours incisés dans la roche et mesurant entre quelques centimètres et 8 mètres, parfois peints dans des nuances brunâtres, ou en rouge et blanc, représente des gens avec des plumes sur la tête et des feuilles autour de la taille, près d’animaux qui aiment l’eau comme les buffles, les hippopotames, les éléphants et d’autres herbivores comme des antilopes, des girafes, des chevaux et des dromadaires.

La découverte sur les roches des outils ciselés en pierre constitue un témoignage indubitable que le Sahara a été habité par des communautés humaines. La présence d’une flore et d’une faune diversifiées, ainsi que les bassins secs des rivières (oueds) laissent comprendre que le Sahara ne manquait pas d’eau. Les chercheurs ont pu établir pourtant qu’aucune mer proprement dite n’a pas existé au Sahara, mais seulement des étangs et des marais formes dans les dépressions, sans possibilité d’écoulement des eaux.

L’étude des peintures africaines a souligné leur caractère original, non influencé et sans aucun rapport avec les peintures rupestres de l’Europe. Les premières peintures africaines ont plutôt un caractère symbolique, mais elles appartiennent certainement à une population négroïde; pourtant les peintures plus récentes sont plus réalistes et montrent des influences égyptiennes certes. Les peintures rupestres d’Europe sont moins expressives, rendant des états d’affaires qui disent trop peu sur leurs auteurs, tandis que les africaines présentent les habitudes et les préoccupations des habitants respectifs, la construction de leurs maisons, l’apprivoisement et la surveillance des troupeaux. La diversité des animaux chassés ou apprivoisés suggère en même temps les conditions climatiques de l’époque respective, ainsi que les étapes de la désertification de l’Afrique.

L’étude sur les dessins et peintures rupestres du Sahara a permis leur classification en ce qui concerne le style, ainsi que leur datation dans les suivantes périodes caractéristiques (Fig. 11):
- La période du ‘boubal’ - des dessins réalistes, fortement incisés dans la roche, non coloriés. Le ‘boubal’ était un buffle à grandes cornes, espèce disparue depuis environ l’an 7000 av. C (Fig. 12);
- La période des ‘têtes rondes’ - présentant des habitants du lieu, pas tous noirs mais même des blancs ou peints en rouge, portant une sorte de masque sur le visage et leurs têtes parées de plumes ou de cornes d’animaux. Datés vers l’an 6000 av. C (Fig. 13);
- La période ‘bovine ou du pâturage’ - devant les huttes représentées par des contours annulaires, les femmes et les enfants sont assis. Les hommes introduisent le bétail dans l’enclos, vers lequel se dirigent d’autres bêtes à cornes aussi. Datés vers les années 3500 av. C (Fig. 14);
- La période du ‘cheval’ - on présente un attelage à deux roues aux rayons, tiré par deux chevaux, avec un cocher. Ceci trahit l’influence égyptienne et a été daté vers 1200 av. C (Fig. 15). Le cheval est apparu en Afrique une fois avec l’invasion des Hyksos en Egypte (1650-1550 av. C). La présence du cheval démontre l’existence des pâturages au Sahara à cette époque;
- La période du ‘chameau’ (au fait, du dromadaire- chameau à une seule bosse) - datation, après l’an 100 av. C (Fig. 16). La désertification du Sahara ayant atteint ce stade, notamment l’absence de pâturages et de sources d’eau, il a fallu remplacer le cheval par le chameau, un animal mieux adapté aux conditions difficiles de la vie au désert;

Une autre preuve de la désertification du Sahara est la descente, aux derniers siècles, du niveau de la nappe phréatique d’eau. Ainsi en Egypte, environ 300 km sud-ouest d’Alexandrie, il y a en plein désert l’oasis Baharyia où les recherches actuelles ont découvert une grande nécropole du temps des pharaons Lagides (environ 300 ans av. C), ce qui permet de croire dans l’existence d’une oasis de plus de 10.000 habitants à l’époque. La nécropole contient les momies des gens du lieu placées dans la roches par des excavations, mais jamais à plus de 2,5 m de profondeur, ce qui a permis de comprendre que la nappe des eaux phréatiques se trouvait alors à environ 3 m, et donc elle devait être évitée pour assurer la bonne conservation des momies. Les recherches récentes ont constaté pourtant qu’à présent le niveau de l’eau souterraine est à une profondeur de 14 m. Il y a aussi beaucoup d’autres éléments qui démontrent l’évolution inquiétante de la désertification du Sahara et le besoin de prendre des mesures pour arrêter ce processus.

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