2. Quelques aspects caractéristiques de l’Afrique

Avec son réseau de 18 satellites géostationnaires, la NASA dresse chaque mois des cartes très détaillées de la Terre au cadre du programme Blue Marbre, et ainsi suit les évolutions saisonnières des surfaces de la Terre et les modifications climatiques à long terme. En mars 2005 ils ont réussi, en recomposant les photos des zones sans nuages, à réaliser une image d’ensemble du continent africain vu comme ‘par une fenêtre ouverte’ (Fig. 1). Vers le nord de l’Afrique on peut distinguer clairement les régions à sable jaunâtre du Sahara, avec les insertions grises des laves volcaniques, ainsi que les zones du sud avec le sable cuivré du désert Kalahari, et entre ceux-ci la zone compacte, vert foncé, des vastes forêts équatoriales autour du fleuve Congo.

Le continent africain a une superficie d’environ 30 million km2 et est deuxième en largeur après l’Asie (il représente à peu près 20% de la terre ferme du monde); il est le seul qui s’étend dans la zone équatoriale et dans les deux zones tropicales du nord et du sud de la Terre. Le désert Sahara (sa partie sudiste étant appelée Sahel) est le plus grand du monde avec une superficie de 7,77 mill. km2 et, avec le désert de Libye de 1,68 mill. km2 (en réalité une continuation du Sahara) il totalise environ 9,5 mill. km2, à peu près 30% de la superficie de l’Afrique. Ces terrains non productifs, impropres aux cultures agricoles représentent entre 40% et 90% de la superficie des pays autour du Sahara et influencent leur économie dans une grande mesure.
L’Afrique est un continent appartenant à la plus vieille ère géologique de la Terre (Précambrien), étant percé plus récemment en quelques points par des insertions volcaniques de lave qui par endroits touchent 180 m d’épaisseur. Apres les mouvements tectoniques ultérieurs l’écorce de l’Afrique, fortement crevassée, subit le plus grand affaissement de terrain de la Terre, en commençant par la Mer Morte, en continuant le long du cours supérieur du Nil et dans la zone des grands lacs Albert, Tanga Nika et Nyassa. Les régions de l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Mozambique vont se séparer de l’Afrique et deviendront des îles dans le temps, tout comme le Madagascar d’aujourd’hui.

Les montagnes de l’Afrique Centrale
En grandes lignes le relief actuel de l’Afrique du nord est constitué dans une grande partie de plateaux à hauteurs entre 580 et 760 m, ayant deux contours annulaires concentriques de montagnes (comme les ondes d’eau frappée par une pierre) sous la forme d’une première chaîne d’hauteurs- les Montagnes Atlas dans le nord-ouest avec des cimes de plus de 4000 m, dont la continuation se retrouve, avec quelques interruptions dues à des effondrements du fonds de la Mer Méditerranée, par la Sicile, le Péloponnèse et les Montagnes Taurus de l’Asie Mineure, en continuant par les sommets de plus de 3000 m qui délimitent les bords de la Mer Rouge. Les montagnes de l’Ethiopie, l’Ouganda et le Kenya s’ensuivent au sud, à plus de 5000 m et ça continue avec les cimes de plus de 2500 m du Cameroun et le Nigeria, en délimitant au sud le bassin hydrographique du fleuve Congo, et se terminant par les Montagnes Fouta Djallon, hautes de 2000 m, qui accompagnent le littoral nord du golfe de la Guinée le long de 1000 km entre le Sénégal et le Liberia.

A l’intérieur de ce premier anneau de montagnes se dessine un deuxième formé par les Montagnes Aïr du Niger, avec des sommets de plus de 2000 m, par le massif Ahaggar d’Algérie avec des cimes dépassant 3000 m (Tahar- 3003 m) et par les Montagnes Tibesti de Tchad, qui arrivent à 3415 m par la cime Emi Koussi, se continuant par les Montagnes Marra entre le Tchad et le Soudan, avec des sommets dépassant 3000 m (Fig. 3). Ce deuxième contour annulaire de montagnes, bordé à l’extérieur par de hauts plateaux arides, forme vers son intérieur un bassin presque fermé, sans possibilité d’écoulement pour l’eau des rares précipitations.

L’écoulement de l’eau de pluie a colmaté dans le temps le fonds de ce bassin par les alluvions portées, en donnant naissance soit à des zones marécageuses pendant la saison humide, soit à des déserts pendant la saison sèche, en permettant aux vents d’entraîner le sable et de créer des dunes mouvantes. C’est toujours l’écoulement des eaux de pluie qui a réduit la pente de fuite de l’eau, en laissant derrière des vastes terrains plats, parsemés de pierres qui n’ont pas pu être charriées par l’eau, et ces zones on reçu le nom d’ergs. Une région pareille nommée le Grand Erg Ténéré se trouve au nord-est des Montagnes Aïr du Niger, avec le Grand Erg Occidental et celui Oriental en Algérie. Les ergs et les dunes de sable couvrent pourtant seulement un dixième de la superficie du Sahara, le reste étant des montagnes rocheuses et des hauts plateaux arides dont le relief a été modelé par les grandes différences de température entre le jour et la nuit, par les eaux et les vents, très peu d’oasis se trouvant dans les ergs.

Les eaux de l’Afrique Centrale
Les grands fleuves de l’Afrique- le Nil, le Niger, le Congo et le Zambézi qui obtiennent leurs eaux des régions humides équatoriales, quoique ayant des grands débits ne sont pas favorables à la navigation des grandes embarcations parce qu’on trouve sur leur parcours des seuils en pierre (cataractes) et des cascades. Le fleuve le plus proche de la région sous- saharienne de nord est le Niger, qui prend sa source aux pieds de la Montagne Loma, ses eaux provenant des nuages formés sur les larges étendues de l’Océan Atlantique. Les précipitations respectives tombées sur le versant sudiste des Montagnes Fouta Djallon à grandes pentes forment des torrents impétueux mais courts, pourtant les pluies tombant sur le versant nordique de ces montagnes donnent naissance au grand fleuve Niger dont le cours se dirige vers le nord-est, vers le Sahara. Avant les localités Tombouctou et Ka Bara, le Niger inonde une zone plane en la transformant dans un vaste marécage (appelé ‘le delta intérieur’), et c’est seulement lorsque ses eaux passent par le défilé Tossai qu’il change de direction vers le sud-est.

Le Niger reçoit comme affluents plus importants sur sa rive droite les rivières Milo, Baoulé, Bagoé et Banifing, en formant ensemble la grande rivière Banni et ensuite les rivières Sirba, Atakora et Oli, sur sa rive gauche prenant les rivières Kebbi et Sokoto comme affluents, ensuite aussi les rivières Kaduna et Benoué, pour verser finalement son débit moyen annuel d’environ 14.000 m3/s – qui est double pendant la saison humide – dans l’Océan Atlantique par un delta géant (Fig. 4).

Dans la zone centrale du Sahara on distingue un système complexe de vallées, d’habitude sans eau, appelées oueds. Ces vallées dirigent l’eau des précipitations du massif Ahaggar et du plateau Tassili N Ajjer (qui dans le langage des gens du pays signifie ‘plateau des eaux’) et des Montagnes Aïr soit envers le Lac Tchad par les oueds Amadra, Admer et Tafassasset, soit vers le lit du Niger par les oueds Tamanrasset, Tilemsi, Timersat et Tessa Lamane.

Le climat et la végétation de l’Afrique Centrale
Le climat des régions du centre et nord de l’Afrique est à présent extrêmement sec, les précipitations moyennes annuelles enregistrant des valeurs moindres à 25 mm colonne d’eau, mais celle-ci s’évapore à peu près 90% avant d’entrer dans la terre (Fig. 5). La végétation naturelle est peu développée, et on trouve des grandes superficies à arbres rares, arbustes aux épines, tandis que d’autres zones sont complètement dépourvues de végétation (Fig. 6).

L’eau nécessaire aux habitants est souvent procurée de sources non potables, en augmentant les risques de maladie, et le manque de sources plus riches en eau empêche de pratiquer une agriculture satisfaisante et par conséquent les habitants migrent en masse vers des régions plus humides pendant les années très sèches ou lors des suites d’années sèches. Le travail agricole se fait sur des terrains petits, avec des moyens rudimentaires- la charrue tirée par le gros bétail et le fumier comme engrais. En manque de pâturage, les animaux domestiques se nourrissent des mauvaises herbes et de pailles, et par conséquent leur production de lait est minimale. Une femme de Mauritanie (Fig. 7) arrose avec la théière quelques plants semés sur le seuil de sa tente, qu’elle a entouré avec des toiles pour les protéger contre le sable ensevelissant porté par le vent, ce qui est une très grande menace pour les cultures agricoles (Fig. 8).

Le processus de désertification du Sahara est maintenant en pleine évolution. Si en 1930 le Lac Tchad au centre du Sahara avait pendant les saisons sèche / humide une superficie entre 10.000 et 25.000 km2 et une profondeur de 7 m, à présent sa superficie a diminué environ 12 fois (Fig. 9).

Démographie et économie de l’Afrique
Le manque d’eau va s’aggraver dans les années suivantes en Afrique dû à son développement démographique. Le taux de croissance annuelle de la population africaine est de presque 5%, parmi les plus grands dans le monde, une femme africaine ayant pendant sa vie 5 enfants en moyenne. Si pendant le colonialisme (1850) la population de l’Afrique était estimée à 100 millions habitants, en 1950 elle a augmenté à 220 mill. habitants ; en 2000 cette population a été de 900 mill. habitants, et les prévisions pour 2050 estiment que le nombre d’Africains va dépasser deux milliards, en devenant un des continents les plus habités.

Etant données les conditions difficiles de vie, l’agriculture inefficiente et l’absence de lieux de travail, à présent se déroule un véritable exode de la population des zones rurales vers les villes, en créant les ‘bidonvilles’ insalubres et faisant du processus d’urbanisation de l’Afrique un des plus intenses dans le monde (3,5% par an). De vrais mégalopolis ont ressorti, avec des populations dépassant 15 mill. d’habitants (la population du Lagos a augmenté de 64% ces dernières années, en arrivant à 18,6 mill. d’habitants, tandis que le Caire, la capitale de l’Egypte, a dépassé 17 millions). Dans ces conditions les taches sont immenses pour la bonne gestion des villes en ce qui concerne les espaces habitables, le réseau de routes et de moyens de transport, les utilités des habitants, leur hygiène, la pollution de l’environnement etc.

Le rythme de croissance rapide de la population fait de l’Afrique le continent avec les plus jeunes habitants du monde (les jeunes de moins de 21 ans représentent 71% du total de la population), mais il faut souligner aussi que la cause la plus répandue de décès en Afrique est le SIDA. L’absence de lieux de travail rend 66% de la population de l’Afrique dépendante de l’agriculture de subsistance, ce qui dans la perspective de ‘l’explosion démographique’ va nécessiter de vastes surfaces de terrain bonnes pour une agriculture intensive, et donc des grandes quantités d’eau.

En ce qui concerne les états sahariens, les statistiques actuelles montrent une situation encore plus alarmante, notamment :
- Le taux de mortalité infantile (jusqu'à l’âge d’un an) est de 102 / 1000 bébés
- L’espérance moyenne de vie est de 46 ans
- Seulement 45% de la population des zones rurales dispose d’eau traitée
Le revenu moyen pour 50% des Africains est d’un dollar / habitant / jour. Seulement 10 des pays africains actuels ont un PIB d’environ 3500 USD / habitant. (Le Tchad a un PIB de seulement 1600 USD / habitant). L’Afrique dispose à présent du plus réduit réseau de routes modernisées et de chemins de fer. La consommation d’énergie électrique de tous les pays africains représente à peine 3% de la même consommation dans le monde. Et puisque 10 des états africains n’ont pas de sortie aux mers et océans du monde, ceci constitue un grand handicap pour leur commerce.

Le sous-sol de l’Afrique contient des gisements de pétrole, gaz, charbon, uranium, or, diamants etc., qui par leur commercialisation apportent des revenus importants mais qui, malheureusement, n’arrivent pas là où ils sont les plus nécessaires aux Africains. Des 38 millions de barils de pétrole extraits chaque jour en Afrique, 38% vont vers le Canada et les Etats-Unis, 35% vers l’Asie et les pays du Pacifique, 20% vers l’Europe, 5% vers l’Amérique Latine et seulement 2% reviennent à l’Afrique.

L’absence d’écoles (on parle plus de 2000 langues en Afrique), vivement ressenti en Afrique, empêche ses habitants de faire des travaux qualifiés, mais en échange on constate que l’inventaire estimé d’armes à feu est d’environ 30 millions dans les pays sous- sahariens. Dans ces circonstances, l’Afrique a besoin en toute urgence d’une aide financière majeure, si on désire ne pas arriver à une situation économique explosive au niveau global, qui ne pourra plus être contrôlée.

Niciun comentariu: